Appartement de Tokiko Magami

Tokiko raccrocha le téléphone, Puis elle ferma les yeux et fit le vide dans son esprit.
Elle venait d'apprendre à l'instant la mort de Kyogo Mono. Son heure était venue. Le vol de la première épée venait d'avoir lieu et la naissance de la seconde était arrivée.

*Tohru... Ma chère Tohru... Il est temps pour moi de te rejoindre et de laisser Kamui à son Destin... J'espère qu'il s'en sortira...*

Tokiko rouvrit les yeux et tira un tiroir de son bureau, d'où elle sortit du papier à lettre et un stylo.



Elle reposa ensuite son stylo et glissa le mot dans une enveloppe. Tokiko était sereine. Elle avait accepté depuis longtemps sa Destinée. Maintenant tout ce qu'elle souhaitait, c'était de s'assurer du bon chemin que prendra Kamui, en l'orientant entre autre vers la Yumémi située dans les sous-sols de la Diète : La Princesse Hinoto, celle qui rassemblera les Sceaux autour de lui.

Une lettre... Amusant.
Kamui observait, caché dans l'obscurité de la nuit, la maison indiquée par l'adresse jointe dans cette mystérieuse lettre venant de sa "tante".
Non, il ne se rappelait pas avoir jamais eu une tante... Mais qui que soit cette personne, il était certain qu'il y avait beaucoup à apprendre à propos du vol de l'Epée, par exemple... Et si c'était un piège, alors il s'agirait d'un divertissement des plus amusants !

Kamui pressa le poing qui renfermait la lettre et la réduit en cendre par un brasier magique. Il était temps de visiter cette fameuse tante.
Il se glissa agilement en contrebas et atteignit furtivement une porte fenêtre qu'il ouvrit prudemment. Il voulait prendre son mystérieux correspondant par surprise.
Il se faufila dans la maison faiblement éclairée et déboucha sur le séjour. Là, à côté de la lampe de chevet, il y avait une femme assise sur son fauteuil. Kamui ne pouvait pas distinguer son visage car elle se trouvait de dos. Mais cela ne faisait rien, il pourrait mieux la surprendre.

"Il n'est pas prudent de laisser les portes ouvertes le soir..."
lança-t-il d'un ton prétentieux et sonore.

Tokiko patientait depuis l'envoi de la lettre dans son fauteuil, une lampe de chevet à ses côtés. Elle ne faisait rien. Elle attendait des heures durant. Elle avait déjà profité pleinement de la vie. Maintenant le peu de temps qu'il lui restait, elle souhaitait l'utiliser au profit de Kamui, son neveu qu'elle n'avait pas vu depuis des années.
Aujourd'hui, la lune tomba bien vite et la pénombre s'était installée autour d'elle, la lampe dessinant des ombres plus ou moins effrayante sur le mur.

Quand la voix d'un jeune homme se fit entendre dans son dos, Tokiko ne fut qu'à moitié surprise. Certes, elle s'attendait plus à une sonnerie de porte qu'à l'entendre derrière elle, mais au fond d'elle, elle était plutôt fière de Kamui et de son arrivée.

- Essayerais-tu de faire peur à ta chère tante ? dit-elle sans se retourner et en émettant un petit rire.

Puis Tokiko se leva de son fauteil pour faire face à Kamui qui se trouvait dans l'ombre.

- Approche, je t'ai préparé un fauteuil. Souhaites-tu boire ou manger quelque chose ?

Tokiko s'approcha calmement de Kamui.

- Qu'est-ce que tu as bien grandi. Tu as les yeux ta mère, tu sais ?

La silhouette assise sur le fauteuil se dressa de son siège et se retourna, découvrant le visage d'un femme.
Kamui failli faire un pas en arrière et dû mettre toutes ses forces pour réprimer un cri de surprise.
Cette femme possédait une ressemblance plus que frappante avec sa mère.
Elle possédait la même couleur cendrée des cheveux, les mêmes lèvres rouges et serrées, les même yeux malicieux en amande. Il n'en croyait pas ses yeux.

"Essayerais-tu de faire peur à ta chère tante ?" dit elle

Puis elle se rapprocha. Kamui ne savait encore que dire, encore sous le choc
"Approche, je t'ai préparé un fauteuil. Souhaites-tu boire ou manger quelque chose ?"
"Qu'est-ce que tu as bien grandi. Tu as les yeux ta mère, tu sais ?"
Continua-t-elle.

Kamui regagna son sang froid et rétorqua désagréablement:

"Je ne me rappelle pas avoir jamais eu une tante... Elle ne m'a jamais parlé de vous. Devrais-je vous croire? Et si vous êtes réellement ce qui me reste de famille, alors qu'avez vous de si urgent à me communiquer?"

Kamui essayait de soutenir sans regard droit dans les yeux de sa présumée tante. Mais la ressemblance était tellement frappante qu'il avait réellement du mal à ne pas baisser la tête de confusion. En effet, elle serait alors pour lui, sa seule et unique famille maintenant.

Kamui semblait presque choqué de voir Tokiko. Il est vrai que la ressemblance entre Tokiko et Tohru était très grande et pour Kamui qui venait de perdre sa mère, cela ne pouvait que lui remémorer des souvenirs qui pouvaient être tout aussi bons que désagréables.

- De toute évidence, en voyant ton expression, tes doutes concernant mon existence semblent quelque peu balayé. Dit-elle avec un grand sourire chaleureux. [color=brown]Quant au fait que tu n'ais aucun souvenir de moi, cela n'a rien de surpprenant. Lorsque Tohru a quitté Tokyo, tu étais encore petit et certains évènements ont fait que cela ne s'était pas passé dans les meilleurs conditions... Et afin de ne pas nous rappeler en permanence nos destinées respectives, nous nous sommes mis d'accord pour profiter de notre vie chacune de notre côté sachant que quand le moment sera venu, il serait temps pour nous de remonter sur le devant de la scène ! Et c'est exactement ce que je suis entrain de faire !

Tokiko marqua une légère pause lors de laquelle son sourire s'effaça le temps de 2 ou 3 secondes. Puis elle repris, sortant ainsi de ses pensées :

- Et toi, raconte moi tout ! Comment s'est passée ton enfance ? Ton arrivée à Tokyo ? Je souhaite tout connaître s'il te palît. Mais avant cela, commence peut-être par t'installer, ce sera plus agréable pour nous deux ! Et nous parlerons des choses sérieuses un peu plus tard !

Tokiko passa derrière Kamui, puis ferma la fenêtre par laquelle l'air frais de la nuit s'engouffrait.

Un thé vert ou noir ? Un thé parfumé ? Ou alors un café ? C'est au choix.

Tokiko souhaitait réellement mettre Kamui à l'aise car la nuit s'annoncait particulièrement longue.

Tokiko ne réagit pas plus violemment face aux provocation de Kamui. Elle semblait très sure d'elle, et ne craignait pas son neveu. Elle continua comme si de rien n'était.

"De toute évidence, en voyant ton expression, tes doutes concernant mon existence semblent quelque peu balayé. Dit-elle avec un grand sourire chaleureux. Quant au fait que tu n'ais aucun souvenir de moi, cela n'a rien de surprenant. Lorsque Tohru a quitté Tokyo, tu étais encore petit et certains évènements ont fait que cela ne s'était pas passé dans les meilleurs conditions... Et afin de ne pas nous rappeler en permanence nos destinées respectives, nous nous sommes mis d'accord pour profiter de notre vie chacune de notre côté sachant que quand le moment sera venu, il serait temps pour nous de remonter sur le devant de la scène ! Et c'est exactement ce que je suis entrain de faire !"

Kamui paru étonné, ce qu'elle venait de lui dire l'alerta.

*Le devant de la scène? Que veut elle dire par là?!*

Kamui se troubla, essayant de réfléchir à la signification de ces paroles. Pendant ce temps, Tokiko lui demanda de raconter son retour à Tokyo.

Kamui abandonna quelque peu sa méfiance et accepta de s'asseoir et de prendre un thé. Cependant il restait toujours vigilant. Il se mit à se confier tout en restant sobre et concis dans ses paroles.

"Je suis revenu il y a à peine quelques semaines... C'est tout. Je n'ai rien d'autre à vous dire à part que je suis scolarisé et que j'ai mon appartement..."

Il marqua une pose, et frappa violemment la table de son poing d'impatience.

"Arrêtez de tourner autour du pot avec moi! Je veux savoir ce que vous vouliez me dire! Si vous ne m'avez fait venir seulement pour me retrouver, je n'ai qu'à partir sur le champ! Je n'ai pas de temps à perdre avec vous, j'ai plus important à faire!"

Tokiko ne fut pas surprise du coup de point affligé à sa table, mais cela l'attrista quelque peu. Elle savait qu'il ne lui restait que quelques jours et elle aurait tant voulu les passer à apprendre tout sur son neveu. Elle savait très bien que l'on ne pouvait rattraper ce temps perdu à jamais mais elle souhaitait vivre le moment présent. Néanmoins, comme son neveu le désirait, elle passa aux choses sérieuses.

- Je suis une Kagénie, tout comme ta mère et comme toutes les autres femmes de la famille Magami l'ont été, telle est notre malédiction. Cela signifie que l'on a pour but de prendre sur nous tous les malheurs qui sont destinés à nos client, ce qui raccourcie considérablement notre durée de vie. Mais Tohru et moi-même avons eu un fardeau supplémentaire.

Tokiko marqua une pause regardant son reflet dans sa tasse de thé qu'elle était entrain de porter à sa bouche.

- Je sais que le vol de l'épée Divine a eu lieu, c'était quelque chose de prévus bien à l'avance, bien que j'ignorais la mort de Kyogo Mono. Mais je sais aussi qu'une seconde épée verra le jour. Sais-tu d'où viennent ces épées ?

Tokiko fit une nouvelle pause et regardant Kamui.

- Je m'en doutais... La création de la 1ère épée ne se passa pas comme prévu. A l'origine, la personne devant mettre au monde l'épée Divine devait être ta mère... Hors l'amour que portait Saya Mono pour ta mère la poussa à se sacrifier à sa place, permettant ainsi à ta mère de t'élever et de te voir grandir. C'est cette nuit même que Tohru et toi êtes partis de la ville et que je ne t'ai plus jamais revu jusqu'à aujourd'hui...

Tokiko laissa accuser le coup à Kamui, car cela devait être une révélation difficile à entendre. Puis elle continua.

- Quant à la personne qui engendrera la seconde épée Divine, dont l'existence est encore tenue secrète, il s'agit de moi. D'ici quelques jours, Kamui, tu seras en possession toi aussi d'une épée Divine. Et tu devras choisir dans quel camp, des dragons du Ciel ou des dragons de la Terre, tu voudras oeuvrer. De toi seul dépend le Destin de cette Terre et de l'humanité qui l'habite.

Tokiko était allée au plus direct comme l'avait demandé Kamui, mais au fond d'elle aurait voulu que cela dure beaucoup plus longtemps.

Tokiko s'était enfin décidée à faire des révélations. Révélations que Kamui n'était surement pas préparé à entendre. Et pourtant il le fallait, car il ne restait plus beaucoup de temps.
Elle lui raconta qu'elle et sa mère étaient des Kagéniés, des sacrifiées chargée de subir les malheurs à la place des personnes qu'elles protègent. Puis elle lui révéla l'origine des Epées Divines, directement liées à son départ de Tokyo, il y a 6 ans.

Les questions se succédèrent rapidement dans l'esprit de Kamui.
De qui sa mère était-elle la Kagénié? Pour Tante Saya avait-du elle mourrir pour eux? pourquoi pas quelqu'un d'autre? Kotori et Fuma étaient-ils liés à tout cela? Pourquoi?!

Mais lorsque Tokiko lui parla de la naissance de la 2em Epée divine dont il n'avait jamais soupçonné l'existence, il posa immédiatement la question:

"Vous?! Vous devez donner naissance à une seconde Epée Divine?! Pourquoi vous? Vous allez mourrir... Non j'ai beaucoup à apprendre de vous encore! Je sais que vous ne m'avez pas tout dit! Tokiko... Ne..."

Kamui ne voulait pas l'avouer. Mais il était à présent certain que cette personne était bien sa tante. Par conséquent sa seule famille... Famille qui allait bientôt s'éteindre pour de bon...

"Tokiko... Quel est le sens de tout cela? Quel rôle si important ai-je à jouer dans cette histoire? Je ne comprend pas..."

Tout ceci avait bousculé Kamui dans son appréhension de la situation et de son avenir. Il ne savait plus quoi penser.

Tokiko remarqua aussitôt la grande confusion qui s'emparait de son neveu et pour le coup, elle regrettait déjà de lui avoir tout dit sans prendre le temps de le laisser digérer les informations une à une. Il semblait tiraillé par de nombreuses questions auxquelles même Tokiko risquerait de ne pouvoir répondre.

- Je suis désolée Kamui... Mais un jour au l'autre, tu aurais fini par tout savoir et le plus tôt est le mieux je pense. Ainsi je peux te revoir et t'aider à y voir un peu plus clair. Le fait que Tohru et moi avons eu la lourde tache de donner naissance aux épées Divines est purement le fruit du Destin. Sans doute qu'il fallait qu'elles apparaissent le plus proche de toi, et ta mère et moi, tes parents les plus proches, et de plus kagenie toutes les deux, étions prédestinées à cet évènement.

Tokiko prit sa tasse de thé qu'elle porta à ses lèvres, ceci afin de donner un peu de temps à Kamui pour assimiler toutes les informations.

- Kamui... Une grande bataille se prépare. Je ne sais pas si tu en as pris conscience depuis ton arrivée au Japon, mais ceci est un fait. Et toi, tu en es au centre, car il semblerait que tu aurais la particularité de pouvoir écrire l'histoire à ta manière en choisissant ton camp. Une prêtresse dans les sous-sols de la Diète t'attend et pourra davantage te renseigner. Ma mission s'arrête là. Je n'en sais pas beaucoup plus, l'avenir de l'humanité repose sur toi et les dragons du Ciel, c'est à toi seul de faire le bon choix. Je sais que cela va être difficile pour toi mais ce choix fait parti de ton Destin.

Le regard de Tokiko posait sur Kamui était empli de tendresse. Elle s'était toujours refusée d'avoir un enfant ne voulant pas l'abandonner le moment venu. Même ses relations avec les hommes ne duraient pas plus de quelques mois, ne souhaitant pas s'attacher à quiconque. C'était une manière de se protéger elle et son entourage en apprenant à vivre au jour le jour.

- Souhaites-tu passer la nuit ici ? J'ai préparé la chambre d'amis au cas où...

Kamui écoutait la réponse de sa tante en silence.
Si tout ceci devait être le fruit du destin, il ne savait pas s'il avait le pouvoir de le changer. Et il ne savait pas dans quelle mesure, il pourrait être le seul à pouvoir le faire.
Il commençait alors seulement à prendre conscience du fardeau qui pesait sur les épaules.

Tokiko parla d'un princesse qui vivait dans les sous sols de la Diète. Il devait la voir, car elle pourrait le guider. Mais elle parla aussi de "Dragons du Ciels" et de l'avenir de l'humanité.
Kamui se demandait en quoi ses actions décideraient de l'avenir de l'humanité. Il y avait quelquechose de caché dans sa mission première, qu'il n'avait pas soupçonné. Il sentait quelquechose d'énorme qui planait au dessus de lui, prêt à tout moment à l'écraser sous son poids. Il sentit une légère angoisse monter en lui.

Kamui fut tiré de ses réflexion par les paroles chaleureuses de Tokiko.

"Souhaites-tu passer la nuit ici ? J'ai préparé la chambre d'amis au cas où..."

Kamui répondit calmement:
"Non, ça ira... Je pense rentrer... J'ai besoin de réfléchir... Je reviendrai vous voir, j'ai encore de nombreuses questions à vous poser... Je dois aller à la Diète rencontrer cette princesse."

Il marqua une pose et baissa la tête.

"D'ici là, ne mourrez pas s'il vous plait..."

Kamui parut s'inquiéter pour elle et cela la réconforta, car le fait de s'inquiéter signifiait qu'il la reconnaissait bien comme sa tante. Au fond d'elle, Tokiko ne se sentait plus seule tout à coup et ceci lui provoqua le plus grand bien pour elle qui s'était imposée la solitude tout au long de sa vie.

- Merci de t'inquiéter pour moi, mais ne t'en fait pas. Lorsque l'heure sera venue, je te préviendrai, mais sache quand même que c'est imminent et que je doute sincèrement pouvoir aller au-delà de quelques jours.

Tokiko examina en détail les traits du visage de son neveu comme pour le graver dans sa mémoire.

- Allez ! Va faire ce que tu as à faire Kamui ! Je ne partirais pas sans t'avoir dit "au revoir", ne te fais pas de soucis.

Tokiko vit Kamui partir. Une petite larme coula le long de sa joue qui fut tout de suite effacée par un de ses doigts.

*Tohru... Tu peux être fière... Et je resterais forte pour ton fils !*


[Direction : Le Sanctuaire Togakushi : "L'apparition de la seconde épée Divine"]