Tchoutchouuuuu

Debout devant les rails de la ligne Yamanote, Karen attendait le train de la station de Shinjuku pour se rendre à Ueno. Il y avait la foule et les gens se tassaient, cependant une sorte de cercle surnaturel d'un rayon de deux métres au centre duquel se trouvait Karen semblait repousser les gens, si bien que la jeune femme n'était pas du tout importuné par la foule si ce n'était que l'échos des centaines de voix était tout de même désagréable pour les oreilles, cependant, ce bruit, au final, elle l'aimait bien. C'était le son des entrailles de Tôkyô, le bruit de la vie. Bientôt, très bientôt aurait lieu le jour de la promesse où Kamui déciderait du sort de l'humanité, entrainant le destin de Karen dans une guerre contre les dragons de la terre. Elle n'avait pas envie de se battre mais elle s'était préparée à ce moment depuis de nombreuses années : il le faudrait, pour eux, les Tôkyôïtes de son coeur.

Karen portait un grand manteau blanc qui descendait jusqu'à ses chevilles nues. En dessous, elle avait une robe noire à manche et qui remontait jusqu'à son cou en lui faisant un col. Elle portait un collier en or, mais tout ceci était dissimulé sous son manteau. Celui-ci ne laissait voir que sa tête, ses gants noirs et ses bottines brunes. Quand un train vert métallisé passa de l'autre côté dans la direction opposé à la sienne, un souffle souleva sa chevelure ondulé qui lui balaya le visage. D'un geste, elle remit ses cheveux en place. Son visage semblait heureux, il irradiait totallement les quelques métres carrés autour de la jeune femme. Karen portait un mascarat discret et un rouge à lèvre qui l'était moins. Elle fixait le vide devant elle, les mains le long du corps, attendant tout simplement son train.

Le charisme de la dame du temple des fleurs qui repoussait autour d'elle la proximité des uns et des autres n'eut pas la force de stopper une gamine et son chien qui bousculèrent Karen. Celle-ci tombait par terre sur le côté dans un gros "paf", Karen n'ayant même pas eut le reflexe d'essayer de se rattrapper ou d'atténuer sa chute. Sa chute ressemblait à celle d'un domino que l'on aurait dressé puis poussé d'une pichenette à vrai dire. Il faut dire qu'elle ne s'y attendait pas, perdue dans des pensées oniriques et imprécises, et qu'en plus, elle n'avait pas senti le danger, ce qui était rare, car en face de la grande majorité des gens, elle ne craignait rien, mettant en échec toute vile action à son encontre. Mais cette-fois là, rien, que dalle, niet niet niet, elle n'avait pas ressenti le typhon qui allait lui tomber dessus.

C'était une jeune fille, très mignonne, au cheveux courts, avec un chien, un beau chien-loup à vrai dire. Quand la jeune fille dit à celui-ci qui semblait s'appelait Inuki, que Karen était belle, celle-ci fit un sourire chaleureux. Puis, ils se mirent à ramasser les affaires éparpiller de la jeune fille qui semblait être collégienne ou jeune lycéenne.

- Ce n'est pas grave, ce sont des choses qui arrivent dans ce genre d'endroit. Tu ne dois pas être du coin, tu devrais faire plus attention ici, c'est une grande ville mais on manque de place, dit-elle avec un sourire toujours aussi chaleureux. Laisse-moi quand même te féliciter pour ton chien, c'est un bel animal.

Elle posa une main sur la tête du chien qui l'avait regardé à la fin de sa phrase, et lui caressa le sommet du crâne avec douceur.

Karen continuait à sourire, ça faisait toujours plaisir au gens comme elle de voir une fille aussi mignonne bouger joyeusement dans tous les sens. Elle ne comprenait toutefois pas vraiment ce qu'elle entendait par le fait qu'elle puisse voir son chien, n'était-on pas sensé le voir ou bien voulait-elle dire autre chose ? La dame du flower ne savait pas et ne put trancher. Des chiens invisibles pour la plus part des gens mais pas par elle ? Pourquoi pas, elle n'aurait pas été étonnée qu'une telle chose puisse exister... Une blague ? Peut-être, la jeune fille avait un petit je ne sais quoi d'espièglerie propre à toutes les femmes. Elle se fit la remarque que ce n'était qu'une gamine et c'était vraiment ce qu'elle pensait d'elle, tout en se disant qu'elle avait quelque chose de mature, quelque chose que les autres n'avaient pas, sans savoir pourquoi elle avait cette idée en tête... Enfin, elle avait peut-être simplement mal compris. Mais elle s'en fichait, la seule chose qui lui importait à ce moment présent, c'était de voir s'amuser toute seule la jeune fille. Elle ne put s'empêcher de faire un léger rire et mit sa main devant sa bouche comme pour cacher un geste impoli.

Ce fut à ce moment que le train vert de la compagnie s'arrêta à la station. Un souffle chaud se fit sentir sur le quai, les cheveux de Karen volèrent dans tous les sens. Cependant, elle réussit à les remettre en place d'un seul geste élégant et précis.

- Voilà mon train, très heureuse d'avoir rencontré une jeune fille aussi mignonne que toi, bonne journée... dit-elle en souriant, les yeux clos, la figure rayonnante, alors que les portes s'ouvraient.