Momobatake ¤Le champs de pêche (première partie)¤

[Début de l'histoire de Hokuto Sumeragi]

Momobatake
Le champs de pêche (première partie).

Une jeune femme était plongée dans l'obscurité. Elle ignorait combien de temps, elle était ainsi ; ayant perdu toute notion du temps. Soudain, des marches commencèrent à apparaître. Des marches d'un vert jade lumineux qui semblaient n'en plus finir. Elle entreprit donc de les gravir. Elle ignorait combien de temps il lui avait fallu pour y arriver et se trouva, finalement, face à une porte massive finement ouvragée. Il y avait en son centre un symbole, ou peut être un blason, qui lui semblait si famillier mais elle ne put se souvenir du lieu où elle l'eut apperçu.

Derrière elle, les marches commencèrent a disparaître une à une, elle devait se hâter. Elle examina la porte mais celle-ci était dépourvue de serrure. Ne voyant aucun autre moyen d'entrer, elle décida de l'enforcer. Mais lorsqu'elle prit son élan, la porte s'ouvrit brutalement et elle tomba de tout son long.

Elle se releva et vit un majestueux et immense jardin japonnais s'offrir à sa vue. Puis resta, un moment, emmerveillée par autant de quiétude qu'inspirait cet endroit. A sa droite, il y avait un magnifique étang avec de nombreux poissons chats. A sa gauche, une cour et en son centre, une fontaine dont le jet d'eau ruisselait dans un bambou qui, s'alourdissant par le liquide, descendait en martelant une pierre dans un mouvement sonore et répétitif. Il y avait un temple ou bien une maison, elle n'y prêta pas plus attention ; son regard se porta sur un petit pont qui menait vers un escalier d'où des voix se firent entendre.

Poussée par la curiosité, elle le traversa. A mesure qu'elle monta les marches, elle sentit son coeur s'étreindre dans sa poitrine sans qu'elle en sache raison. Un cerisier se dressa devant elle dont le vent y fit virvolté les pétales, tels des flocons rosâtres. Une silhouette famillière se tint devant l'arbre et sembla l'attendre.

La jeune femme portait un kimono blanc brodé, au dos, d'une étoile à cinq branche. Avec détermination, elle s'avança vers l'individu et prit la parole.

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"Tu as rompu ta promesse !"

"Quelle promesse ?"

Face au dedain de son vis à vis, Hokuto Suméragi fronça les sourcils et haussa le ton.

"Je t'avais dit de ne pas emmener mon frère loin de moi."

"Subaru est dans sa chambre en ce moment."

Ne se laissant perturber par les sarcasmes, elle reprit.

"Tu as emmené son coeur, il ne pourra sans doute plus revenir. Alors, je vais te lancer un sort."

Après quelques propos échangés, l'homme leva son bras et transperça la poitrine de la jeune femme qui s'effondra.

Dés lors que son âme fût sortie de son corps, elle échangea un bref regard avec son bourreau.

"N'oublie pas ce que je t'ai dit !"

Elle s'apprêta à descendre les escaliers, lorsqu'avec supefaction, elle vit Kakyo Kuzuki étendu sur les marches, ensanglanté et essayant tant bien que mal de la rejoindre. Dans un dernier effort, il prononça son nom avant de perdre connaissance, juste à quelques metre où gisait le corps de la jeune femme. Elle le regarda avec tendresse, une larme roula le long de sa joue et les ténébres l'envahirent une fois encore.

"Kakyooooo..."

Depuis ce jour funeste, elle fût condamnée à revivre, perpétuellement, le jour de sa mort et à demeurer dans une nuit éternelle, jusqu'à ce que les trompettes du jugement dernier se fassent entendre. Tel fût son châtiment d'avoir usé de la magie à des fins égoïste.

Au 煉獄 (rengoku = purgatoire), elle fît apparaître un ceriser et s'assit, adossant son dos sur le tronc de l'arbre.

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Certains souvenirs lui revinrent en mémoire et c’est avec nostalgie qu’Hokuto se remémora des premiers pas de son frère en tant qu’exorciste.
Dans leurs mésaventures, ils furent amenés à rencontrer des âmes tourmentées. Certaines d’entre elles, prisonnières de leur désespoir, devinrent plus que belliqueuses. A cette époque, la jeune fille était loin de s’imaginer qu’un jour, elle aurait à subir le même sort.

Depuis cette tragique nuit où elle perdit la vie, elle n'eut l'opportunité de rentrer en contact avec son bien aimé frère. Des larmes sanguinolentes roulèrent sur sa joue ; elle était la seule à ressentir sa douleur, et la seule à pouvoir lui ôter cette peine. Les tentatives restées toujours vaines, elle n'eut l'occasion de lui dire à quel point elle l'aimait et à quel point elle se rendait responsable de tout ce qu'il endurait. Seul le liseur de rêve pouvait les réunir à nouveau ; car le jeune exorciste s'était forgé une cuirasse d'amertume et de haine.

*Quand te reverrais-je enfin, Subaru ?*

Subitement, Hokuto écarquilla les yeux ; elle avait entendu, pour la première fois, la voix de son ami : Kakyo Kuzuki. Elle se leva d'un bond, regarda tout autour d'elle mais ne vit rien. Elle se mit à hurler le nom du jeune liseur de rêve en espérant qu'il l'entende.

"KAAAAAKYYYYOOOOOO !"

De son côté, Kakyo s'était penché sur la dépouille lorsqu'il entendit une voix semblant venir de toute part et de nulle part à la fois. La scène qui s'était déroulé sous ses yeux se mit à se désagréger en pétales de cerisier.

Le sort d'illusion, mit en place, se dissipa et elle prit son apparence initiale : celle d'une macchabée. Sa peau rosée fît place à un teint ivoirin. Un trou fît son apparition à l'endroit même où Seishiro Sakurazukamori lui avait porté le coup mortel, stigmate du passé. L'éclat de ses yeux disparut pour laisser place à un regard livide, des vers parcourèrent son corps nécrosé. Des racines sortirent du cerisier chimérique et formèrent un tombeau où elle y sombra dans une nuit éternelle.

[Direction : Les Songes : "Songe d'une nuit"]